Accueil Société DES MOTS SUR LES MAUX: Éducation: pourquoi perpétuer la pire des inégalités?

DES MOTS SUR LES MAUX: Éducation: pourquoi perpétuer la pire des inégalités?

Aujourd’hui, ici et maintenant, en l’an 2022, «un homme, ça s’empêche» chez nous. D’autant plus que l’abandon scolaire atteint 100.000 cas par an.

Uniquement 2,9% des élèves issus de familles pauvres obtiennent certains acquis cognitifs. Ceux des zones rurales sont quant à eux livrés à leur condition funeste.

Résultat: dans les classements Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves initié par la Cedeao) des dernières années, la Tunisie se faisait place parmi les derniers de la classe.

Pourtant, l’autorité de tutelle va encore à 5 à l’heure. L’inertie et la paresse des esprits y sont pour beaucoup.

Déçus par un système éducatif privilégiant le bourrage de crâne, dans les villes, les parents recourent  vainement à l’enseignement extrascolaire (cours particuliers). Dans les campagnes, le tableau est encore plus sombre pour des écoliers quotidiennement usés par une longue marche avant d’atteindre les bancs du savoir.

Faillite de nos méthodes

Les seuls rescapés du gouffre sont les enfants des «gens heureux», ceux qui ont suffisamment de fric pour inscrire les leurs dans des écoles internationales.

Ceci étant, l’espoir de voir enfin émerger un Etat garantissant l’accès de tous à une éducation de qualité ne peut que voler en éclats.

Si bien que la réponse à la question de savoir pourquoi le petit Salah ne sait pas lire où à la question plus large de savoir pourquoi le niveau scolaire de l’école tunisienne reste tellement en dessous des standards internationaux est aussi simple. La faillite de nos méthodes d’éducation dans la société de masse que nous sommes est aujourd’hui indéniable.

Les maux de l’école tunisienne sont là depuis plus de deux décades. La surcharge des classes (plus de 30 élèves par classe), la vétusté des infrastructures, l’absence d’activités culturelles et artistiques, l’absence de moyens de loisir, la quasi-absence de formation continue pour les enseignants freinent toute modernisation de notre système éducatif.

Le bien-être de l’enseignant et celui de l’apprenant

De l’avis des pédagogues et didacticiens, une bonne transmission du savoir requiert un terrain propice à la réussite. L’on entend par terrain propice le plaisir d’apprendre en accordant plus d’importance à l’enseignement des arts, le partage d’expériences, la discipline en impliquant davantage les parents et le respect de l’enseignant en lui garantissant une condition de vie décente.

Autrement, comment un professeur peut-il conserver l’habitude d’apprendre pour éviter de transmette un savoir mort?

Comment adapter les programmes de notre enseignement aux besoins entièrement nouveaux du monde actuel?

Comment seront les hommes de demain, si aujourd’hui on force l’enfant à adopter une attitude de passivité, en l’obligeant à abandonner son activité la plus caractéristique: jouer et apprendre au vieux sens du terme?

Sait-on, du moins, que la propre initiative de l’enfant ne se manifeste que dans le jeu?

Ceux qui sont aux commandes du secteur de l’éducation en Tunisie semblent avoir bu l’eau des nouilles. Pourtant, le cas échéant, ils s’égosillent devant les caméras.

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Charger plus par Mohamed Hedi ABDELLAOUI
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